Je pense que nous le sommes tous à un moment ou un autre, les uns par rapport aux autres. Les lieux, les choses, les ressentis, les expressions, les impressions, les mots, les gestes, les regards, les tics, les tocs, les tacs, sont la composition des relations dites « humaines ».
Depuis ma plus tendre enfance, mon sens exacerbé de l’observation me fait ressentir plus fortement les sensibilités qui m'entourent. Y compris celles, moins perceptibles, animales et florales. C’est pour cela qu’il s’instaure des incompréhensions vis-à-vis de certains proches. Comment comprendre mon acharnement à vouloir expliquer, exprimer ce qui me touche tant et qui paraît pourtant tellement insignifiant !
Sous des dehors frondeurs, parfois cassants, se cache « Avenue Mémoire ».
Mais qui est elle ?
« Avenue Mémoire » est ma vaste bibliothèque personnelle, interne, classée par ordre d’émotions. Celles calmes, douces et contemplatives. Celles insouciantes, souriantes, à l’écoute. Celles sur la réserve, l’attente, inquiètes. Celles fermées, obtues, têtues, en colère, bornées. Et puis, il y a mes préférées, celles qui me ramènent vers le chemin de l’enfance.
© Illustration J.Matthew Root - 2008
Si elle n’a pas baigné dans le luxe, elle a été heureuse, du moins jusqu’au début de l’adolescence. Aussi, je ne me prive pas pour revenir régulièrement dans ses bras.
Le paradoxe, à savoir si oui ou non une personne est où sera fréquentable, réside dans ses souvenirs. Ils composent, au fil du temps, une partition qui construit et mène le tempo de sa vie.
Je revendique le fait d’être une « infréquentable » parmi tant d’autres, qui n’a trouvé que les mots pour être fréquenté…
Le plaisir d’écrire